La journée interprofessionnelle "Seconde vie du livre, l'occasion d'en parler", a eu lieu le 10 mars 2025 à Rennes (Grand Cordel MJC). Elle était organisée par Livre et lecture en Bretagne, Mobilis, et Normandie Livre & Lecture (en partenariat avec le Grand Cordel MJC).

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La montée en puissance du livre d’occasion a été significative ces dernières années. Les chiffres issus de l’étude du ministère de la Culture et de Sofia le disent bien. En 2022, 20 % des livres étaient achetés d’occasion, correspondant à 10 % de la valeur du marché.

Fruit de l’évolution des comportements d’achats liés à l’emprise des plateformes numériques, mais aussi symptôme d’une surproduction, le livre de seconde main constitue peut-être un risque économique pour la filière, notamment quant à rémunération de la création, mais aussi une chance.
Loin d’être neutre en termes de bilan carbone, tant les stocks sont souvent amenés à circuler sur des grandes distances et en gros volumes, le livre d’occasion nous déprend de notre dépendance aux nouveautés. Et il permet de réfléchir à d’autres modèles économiques, plus circulaires, hors d’une logique de croissance infinie dont la crise écologique nous fait toucher la limite.

Comment les librairies peuvent-elles se saisir de cette nouvelle vogue ? L’étude flash menée sur la Normandie et la Bretagne indique que des expériences sont en cours. Sur 56 répondants, 21 proposent une offre d’occasion en librairie, et la moitié de ceux qui n’en proposent pas se posent la question de le faire. Se traduisant par 5,6 % du chiffre d’affaires, la seconde main constitue une possibilité de fidélisation et de renouvellement de la clientèle.

Mais cette nouvelle offre de services ne va pas de soi pour les libraires. Les problématiques d’achats, de fixation des prix, d’intégration au stock et de gestion, de temps et de compétences spécifiques, autant de sujets à prendre en compte dans une stratégie à réfléchir, notamment par rapport au territoire.
Pour la rémunération des auteurs-autrices, plusieurs scénarios le 10 mars étaient sur la table, entre droit de suite, taxation des plateformes et respect d’une chronologie entre le neuf et l’occasion.

La journée l’a montré également, les bibliothèques sont concernées par le sujet, pour la gestion des ouvrages désherbés, mais aussi parfois pour des acquisitions. Des braderies de livres ou des opérations de type boîtes à livres font écho à des expériences qu’elles peuvent mener par ailleurs : échanges et trocs, prêt de matériel, acquisition de mobiliers de seconde main, etc.

Des éditeurs quant à eux expérimentent des manières d’éviter le recours massif au pilon : même si le statut du livre défraîchi est complexe, la seconde vie du livre entre parfois dans leurs réflexions.  Au fond, une intervenante le disait, la question centrale aujourd’hui n’est pas tant de savoir comment fabriquer plus de livres, mais comment fabriquer des lecteurs, des lectrices, et de la lecture.

Lire les comptes rendus:

Tables-rondes de la matinée

  • Les devenirs du livre d'occasion, avec Bertrand Legendre, professeur émérite à l'université de Sorbonne Paris Nord et Fanny Valembois, experte et consultante au sein du Bureau des acclimatations, spécialiste des questions de transition écologique dans le domaine de la culture ; modération Mathilde Rimaud, consultante associée du cabinet Axiales, professeure associée à l'Université de Poitiers.
  • Comment la filière s'adapte aux nouveaux usages avec Elise Feltgen, librairie Le temps qu'il fait (Bretagne), Dominique Rouet, directeur de la lecture publique et accès à la connaissance, Ville du Havre (Normandie), Sarah Hamon, éditrice, maison d'édition La Cabane bleue (Pays de la Loire) et Ella Balaert, autrice et membre de la SGDL (Bretagne) ; modération Mathilde Rimaud

Ateliers de l'après-midi

Retour sur la journée « Seconde vie du livre, l’occasion d’en parler » du 10 mars 2025