Gustave Flaubert a puisé son inspiration dans de multiples lieux liés à sa région natale : la Normandie. Normandie Livre & Lecture vous propose, en écho avec la mise en avant du bicentenaire de la naissance de Flaubert par la Région Normandie avec l’opération Flaubert21, de découvrir des extraits d'œuvres de cet illustre écrivain qui dépeignent une Normandie souvent réelle, parfois imaginaire.

Bouvard et Pécuchet (éditeur Alphonse Lemerre, 1881)

Bouvard et Pécuchet est une Odyssée.

Le dernier roman de Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet, laissé inachevé par sa mort brutale en mai 1880 et publié à titre posthume, est plus intrigant et plus novateur encore que les précédents. Même amputée de son deuxième tome, resté en chantier, cette « encyclopédie de la bêtise », dans laquelle l’écrivain « affirme la possibilité d’écrire un roman qui nie le romanesque » (Blanchot) est aujourd’hui encore un véritable ovni littéraire qui a suscité les analyses les plus diverses.

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Hérodias - dans Trois Contes (éditeur Georges Charpentier, 1877)

Entre relations politiques et religieuses, Hérodias, le troisième et dernier conte des Trois Contes, expose les diverses facettes de l'orientalisme telle que la danse, la culture ou le chant. La nouvelle nous plonge en Judée à la naissance du Christianisme où l'on suit un conflit entre les protagonistes païens et la prophétie annonciatrice de Jésus.

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L'Éducation sentimentale (éditeur Michel Lévy frères, 1869)

De 1840 à 1867, la vie fait L'Éducation sentimentale de Frédéric Moreau et de toute une jeunesse idéaliste qui a préparé dans la fièvre la révolution de 1848. Le roman s'ouvre sur des rêves exaltés et s'achève sur la médiocrité des uns et des autres. Entre temps, la vie s'est écoulée autour de Frédéric, qui semble n'avoir pas plus participé aux mutations de son temps qu'à l'édifice de sa propre destinée potentielle. Au cours de cette existence, Madame Arnoux, dont les apparitions sont autant de surgissements mystiques, tient lieu au jeune homme d'absolu insaisissable. Lui qui rêvait de terres lointaines et d'ouvrages romantiques déchirants dont il se voyait l'auteur génial, se retrouve, en guise de destination exotique, à Nogent, la ville de son enfance. Au terme de son parcours, que peut-il faire d'autre que ponctuer sa conversation avec Deslauriers, le pragmatique non moins malheureux, de "te souviens-tu" ? Flaubert éclaire ses personnages d'une lumière tantôt ironique, tantôt sympathique, et s'il adopte parfois une vision panoramique des choses, c'est semble-t-il pour mieux se couler dans l'esprit de son héros afin de faire vivre au lecteur les velléités de son caractère. (Sana Tang-Léopold Wauters)

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Madame Bovary (éditeur Michel Lévy frères, 1857)

"Il y a peu de femmes que, de tête au moins, je n'aie déshabillées jusqu'au talon. J'ai travaillé la chair en artiste et je la connais. Quant à l'amour, ç'a été le grand sujet de réflexion de toute ma vie. Ce que je n'ai pas donné à l'art pur, au métier en soi, a été là et le cœur que j'étudiais c'était le mien." Flaubert défend ainsi son œuvre dans une lettre à sa maîtresse, Louise Collet. L'amour si quotidien de Charles Bovary, les passions tumultueuses de sa femme Emma étaient décrites avec tant de réalisme que l'auteur et l'imprimeur furent traînés en justice pour offense publique à la morale et à la religion. On les acquitta. Flaubert n'avait peint que la réalité, les moisissures de l'âme. Une femme, mal mariée, dans une petite ville normande, rêve d'amour et le trouve.

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Les Mémoires d'un fou (éditeur Henry Floury, 1901)

Pourquoi se dire "fou" ? Dans ce roman hybride où se côtoient apostrophes au lecteur, méditation sur soi et autobiographie, Flaubert offre le bilan désenchanté d'un premier amour impossible.
Alors que la folie apparaît ici comme un état de "grande santé," celle qui préserve du conformisme abêtissant, l'auteur y raconte la naissance de sa vocation d'écrivain.
En transformant la folie en normalité, en recyclant et détournant les discours conventionnels, ce texte met en lumière l'opposition établie entre la folie des uns et la bêtise du monde.

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Un Cœur simple - dans Trois Contes (éditeur Georges Charpentier, 1877)

L'Histoire d'Un Cœur simple est tout bonnement le récit d'une vie obscure, celle d'une pauvre fille de campagne, dévote mais mystique, dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais.
Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu'elle soigne, puis son perroquet ; quand le perroquet est mort, elle le fait empailler et, en mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint-Esprit.
Cela n'est nullement ironique comme vous le supposez, mais au contraire très sérieux et très triste. Je veux apitoyer, faire pleurer les âmes sensibles, en étant une moi-même. Gustave Flaubert. (Marie-France Azéma)

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Lieux de vie de Flaubert en Normandie

Le Musée Flaubert et d'histoire de la médecine est situé dans le pavillon de l'Hôtel-Dieu à Rouen. Gustave Flaubert y est né et son père y occupa un poste de chirurgien. Ce musée présente des souvenirs de la famille Flaubert et évoque l'histoire de la médecine du moyen-âge au début du XXe siècle.

Le Pavillon Flaubert à Croisset est le seul vestige qui subsiste de la résidence secondaire des Flaubert. En 1844, les Flaubert s’installent pour les étés dans une propriété située au bord de la Seine. Croisset devient pour Flaubert un lieu d’écriture privilégié, celui de l’épreuve du « gueuloir ». Il y vit avec sa mère qui meurt en 1872. La demeure est alors léguée à la nièce Caroline ; l’écrivain y conserve sa chambre et son cabinet de travail. À la mort de Flaubert, Caroline et son époux, ruinés par une faillite, revendent le domaine. La grande maison est rasée. Le Pavillon est devenu un musée.

Flaubert et la Normandie